Oh! qui que vous soyez – Victor Hugo

Oh ! qui que vous soyez, jeune ou vieux, riche ou sage,
Si jamais vous n’avez été
Dans votre vie une fois sage,
Venez près du foyer.

Venez près du foyer, pauvres âmes éteintes,
Mères, vieillards, petits enfants ;
Venez, je vous attends, venez, je vous attends,
Venez, je vous attends, petites âmes éteintes.

Venez près du foyer, voyageurs égarés,
Venez tout ce que vous souffrez,
Tout ce que vous avez aimé,
Venez le réchauffer.

Venez, pauvres souffrants, que la vie a flétries,
Je vous donnerai du repos ;
Je vous redonnerai des amis, des amis,
Je vous redonnerai des amis.

Venez, si vous n’avez eu que des deuils dans l’âme,
Et qu’importe, venez encor !
Ici l’on vous parlera de calme, de calme,
Ici l’on vous parlera d’or.

Oh ! qu’importe le vent, la neige, la tempête,
Pauvres âmes, vous serez bien ;
Je mettrai pour vous des bûches, des bûches,
Je mettrai pour vous des bûches, pour les hommes et pour les bêtes.

Venez près du foyer, petits oiseaux sans ailes,
Nids perdus dans l’obscurité ;
Venez, je vous attends, venez, je vous attends,
Venez, je vous attends, petits oiseaux sans ailes.

Oh ! si vous saviez comme on vous aime,
Ô bien-aimés, ô bien-aimés,
Si vous saviez comme on vous aime,
Comme on vous aime, ô bien-aimés !

Venez, pauvres délaissés, pleurant à toutes larmes,
Venez, vous serez consolés,
Et dans le feu vous regarderez les flammes, les flammes,
Et dans le feu vous regarderez les flammes s’enrouler.